2016-12-27

Madame Gamelin et les Dames de la Charité



 L’année 1828 s’annonçant très rude surtout pour les pauvres, les citoyens de Montréal s’entendirent dès l’automne afin d’aviser aux moyens de prévenir les misères ou de les soulager en temps opportun.


Le 13 décembre 1827, quelques dames réunies chez Mme Gabriel Cotté, sous la présidence de M. Phelan, prêtre de Saint-Sulpice, avait proposé de former une association ayant pour fin de soulager les pauvres.


Cinq jours plus tard, a lieu chez Mme Cotté une nouvelle assemblée d’une cinquantaine de dames, toutes appartenant à la première société de Montréal. Avec l’approbation de Mgr Lartigue et sous la direction des Messieurs de Saint-Sulpice, elles fondent une société qu’elles intitulent: Association des Dames de la Charité. A cette même séance ont lieu l’élection des dignitaires et l’organisation de le Société qui comprendra: 1.un conseil dirigeant; 2. un comité chargé de distribuer la soupe dans une maison de la rue Saint-Éloi, mise à sa disposition ; 3. un comité dont les membres visiteront les pauvres : Mme Gamelin avait alors 27 ans et avait perdu son mari et ses trois enfants et était donc une des associées toute désignée pour ce service. L’une des obligations de ces dames visiteuses sera de mettre les pauvres en communication avec le comité de distribution. A cette même séance, l’assemblée décide que : a) la ration de soupe sera d’une pinte par pauvre; b) que l’on nommera une maîtresse pour instruire les pauvres qui viendront à la distribution et leur faire une lecture pieuse.


Cette association devint populaire dès son début. La Minerve se faisant l’écho de la sympathie générale publia l’article suivant:

« Une institution bien louable vient de s’élever en cette ville. Les dames canadiennes se sont formées en Société sous le titre de Dames de la Charité de Montréal. Leur but est de secourir les malheureux: indigents et infirmes, pendant la saison rigoureuse...


Pour seconder les vues bienveillantes et philanthropiques de nos dignes concitoyennes, nous ne devons pas hésiter, s’il le faut, à retrancher quelque chose de nos jouissances, puisque celles que nous éprouverons, en soulageant l’humanité souffrante, nous dédommageront amplement des faibles sacrifices que nous pourrions faire. Le même motif doit exciter puissamment l’industrie de toutes les classes. Une économie bien réglée, une attention soutenue et une application constante et raisonnée aux affaires de son état, mettront chacun de nous à même de porter son offrande. Le degré d’aisance qu’ont acquis une foule d’individus en cette ville sans avoir jamais embrassé de grandes affaires, mais uniquement par l’effet d’une stricte économie et d’une conduite sage, démontre qu’avec une industrie plus développée, il serait facile d’atteindre à un degré de prospérité qui, se manifestant par la formation d’institutions publiques et nationales, élèverait notre caractère et augmenterait notre importance, tout en nous attirant le respect et l’admiration des étrangers. » (La Minerve, 24 décembre 1827).


Bientôt, écrit Mlle Daveluy, la Société des dames de charité disposa de nombreux dons en argent et en nature.

Tiré du livre : L’Institut de la Providence, p.34

2016-12-10

La vie d’Émillie…une transformation perpétuelle

Bien que le mot ne se retrouve guère dans le langage de son époque, Emilie Tavernier-Gamelin, cette première bienheureuse montréalaise, s'est laissée transformer par les événements, tout au long des diverses étapes de sa vie.

Orpheline de mère à l'âge de quatre ans, Émilie se voit transplantée chez une tante paternelle; elle doit s'adapter à un autre milieu de vie, à d'autres habitudes. Les deuils successifs déciment sa famille, mais l'amour du pauvre inculqué par sa mère reste bien ancré dans son cœur. Jeune fille, elle rêve de fonder un foyer bien à elle...

Le 4 juin 1823, Émilie Tavernier unira sa destinée à Jean-Baptiste Gamelin, reconnu pour son action charitable : « ils seront deux maintenant pour exercer la charité ».Trois enfants naissent de cette union; les deux premiers décèdent après trois mois d'existence; à son tour, le mari succombe le 1er octobre 1827, et son dernier enfant meurt, le 28 juillet 1828, avant d'atteindre ses deux ans.

Émilie voit son rêve s'anéantir... Elle reste seule, avec un jeune handicapé mental, légué par son mari qui lui devait la vie, alors que des bandits  l'avaient laissé à demi-mort. « Prends soin de lui en souvenir de notre amour». La voilà à un dur tournant de sa vie. Elle souffre, et se demande ce que veut le Seigneur. Elle va chercher réconfort chez songuide spirituel, Monsieur Bréguier dit St-Pierre, sulpicien, qui lui remet une image de la Vierge, seule au pied de  la croix, avant la mise au Tombeau de Jésus, et lui recommande d'aller prier et réfléchir.

Prière et contemplation transforment peu à peu la jeune veuve; elle décide de ne pas se remarier : « son mari, ses enfants, ce seront désormais les pauvres ». Elle va à la misère et son cœur est touché par les souffrances rencontrées : personnes âgées, seules, infirmes, malades. Elle ouvre sa maison, emploie les biens laissés par son mari pour trouver des refuges, s'entoure de bénévoles, de dames de charité, pour mieux servir ses protégées. Une autre forme de vie habite Émilie; les besoins se multiplient : victimes d'épidémies, prisonniers, prêtres âgés ou malades; elle se donne sans compter et travaille même à donner à son œuvre la stabilité en obtenant l'Incorporation civile. Elle poursuit son action charitable, assurée qu'elle est là où Dieu la veut.

Pourtant un autre événement vient bouleverser ses plans et sa vie. Mgr Bourget songe à assurer la perpétuité de l'œuvre de sa diocésaine en la confiant à une congrégation religieuse. Émilie collabore à la décision de son évêque et reste disponible à ce qui se prépare, sachant que « les voies de Dieu ne sont pas nos voies ». Aucunement attirée à la vie religieuse, le 2 février 1842, Émilie s'engage par un vœu privé à «continuer de servir les pauvres, tant que ses forces le lui permettront ».

Lorsque le projet de faire venir des Sœurs, de France, échoue, et que Mgr Bourget décide de fonder sa propre communauté religieuse canadienne, elle reste fidèle à son don; elle accepte de former les novices à l'œuvre qui lui échappe des mains, sans penser une minute à se joindre à cette communauté naissante.

Mais la grâce continue à agir en son âme... La transformation progresse toujours chez elle; Émilie perçoit un appel à se donner davantage; elle s'offre à Mgr Bourget pour prendre rang parmi les novices; il hésite, mais elle revient à la charge et finalement l'évêque « qui reconnaît en elle, la fondatrice dont il a besoin » accepte, et lui confie même un mandat : il l'envoie à Emmitsbur aux États-Unis, chez les Filles de la Charité pour visiter leurs œuvres et obtenir une copie de leurs Constitutions. Au lendemain de son retour, le 8 octobre 1843, elle prend l'habit des Filles de Charité Servante  des Pauvres.

La transformation de ses habitudes, de ses idées, de son genre de  vie se fait, non sans souffrances, sans heurts, sans larmes parfois mais dans son cœur elle sent la PAIX. Professe, le 29 mars 1844, élue supérieure le lendemain, elle se met entre les mains de Celui qui l'appelle au « toujours plus et au toujours mieux ». Sa foi, son humilité, sa patience, sa tolérance se renforcent au rythme des événements, des besoins qui se présentent, ou que son évêque Iui demande d'ajouter à ceux qui occupent ses journées.

Oui, son âme se transforme... et quand un jour, son évêque se fait incompréhensif et exigeant, malgré la blessure du cœur, elle voit encore la main de Dieu qui la transforme. FIAT! Une réponse des plus détachées, des plus humbles, à la lettre de reproches de son évêque, à qui elle offre même sa démission, rassure Mgr Bourget.

Mère Gamelin continue, au jour le jour, sa mission de providence dans le plus grand dévouement pour ses Sœurs et les œuvres de charité qui s'ajoutent... Alors qu'Émilie assiste les cholériques, e temps d'épidémie, le divin Maître, en ce 23 septembre 1851 l'accueille dans son Royaume : «J'ai eu faim, j'ai eu soif... viens entre dans la joie de ton maître ».
Docile à la transformation, que lui a demandée le Seigneur, el est prête pour recevoir la récompense promise.

Émilie, en ces temps où la Providence nous appelle à une transformation personnelle et communautaire, donne-nous, un peu de cet abandon et de cette foi qui t'ont fait réaliser une mission qui perdure au-delà du temps et des âges.
Providence de Dieu, nous vous remercions de tout! Echos d’Émilie, Volume38 no2 juin 2015
S. Yvette Demers, s.p., Vice-postulatrice


Cause Émilie Tavernier-Gamelin

2016-10-22

Quelques témoignages sur la Bienheureuse Émilie Gamelin (infolettre, oct.16)

Mère Gamelin est toujours avec moi. Je lui parle chaque jour. Lorsque je vis des moments difficiles, je me confie à elle. Lorsque j’ai de grands bonheurs, je les partage avec elle. Elle est omniprésente dans ma vie.  Yannick Fréchette, le miraculé

Ce qui caractérise Mère Gamelin est l’universalité de sa compassion, son dynamisme à aider tous ceux qui en avaient besoin. Elle fait rougir ceux qui croient qu’il n’y a rien à faire pour changer le monde.  Cardinal Jean-Claude Turcotte

Les mots sont faibles pour exprimer les sentiments qui ont envahi mon âme lorsque j’ai entendu notre chère Mère se faire proclamer BIENHEUREUSE, le 7 octobre 2001 à Rome. Mon cœur déborde d’une émotion profonde et d’une immense gratitude et je demande la grâce et la lumière de poursuivre son œuvre. Milka Beros, s.p.


La béatification d’Émilie Gamelin a fait connaître davantage au monde notre besoin de modèle: qui invitent à la pratique des vertus chrétiennes. Ce fut pour moi une grande fierté d’être Sœur de la Providence ayant pour fondatrice Émilie Gamelin, femme de charité et de simplicité, qui a si réaliser sa mission de compassion dans l’Église et dans la société de son temps et encore aujourd’hui, par ses filles et ses Associés. Cet honneur rejaillit sur toute la Congrégation; j’er remercie le Dieu Providence.  Lucille Langlais, s.p.

Quand nous nous sommes dirigés vers le Saint-Père, je me suis mise à pleurer. Hank Walker étai très ému lui aussi. Tour à tour, nous nous sommes approchés. J’avais prévu de lui dire que j’étais une fille d’Émilie. Mais quand mon tour est venu de me trouver tout près de lui, il m’a regardée du coi? de l'œil : j’étais comme muette. J’ai saisi sa main et baisé son anneau. Quel bonheur! Je l’ai regarde dans les yeux, les beaux yeux bleus d’un pasteur, les yeux de la paix. Il n’y a pas de mots pou décrire une telle expérience. Carolyn Koroski, s.p.

Thérèse Frigon, s.p., vice-postutatrice  (Tiré de Infolettre, Oct. 2016)

2016-10-08

15e ANNIVERSAIRE DE LA BÉATIFICATION DE NOTRE CHÈRE ÉMILIE TAVERNIER GAMELIN

Oui, c’est fête chez nous! Nous soulignons dans la joie et la reconnaissance le 15e anniversaire de                               Yannick Fréchette, le miraculé.
Béatification de notre fondatrice et mère : Émilie Tavernier-Gamelin, première montréalaise d’origine à recevoir cet honneur. Quels souvenirs gardent en leur cœur ceux et celles qui ont assisté à cet heureux événement, le 7 octobre 2001, sur la Place St-Pierre, à Rome, en l’année du 150e de décès de cette grande femme de compassion et de miséricorde. Voici quelques témoignages recueillis en ce jour mémorable. « Mère Gamelin est toujours avec moi. Je lui parle chaque jour. Lorsque je vis des moments difficiles, je me confie à elle. Lorsque j’ai de grands bonheurs, je les partage avec elle. Elle est omniprésente dans ma vie. »

« La béatification d’Émilie Gamelin a fait connaître davantage au monde notre besoin de modèles qui invitent à la pratique des vertus chrétiennes. Ce fut pour moi une grande fierté d’être Sœur de la Providence ayant pour fondatrice Émilie Gamelin, femme de charité et de simplicité, qui a su réaliser sa mission de compassion dans l’Église et dans la société de son temps et encore aujourd’hui, par ses filles et ses Associés. Cet honneur rejaillit sur toute la Congrégation; j’en remercie le Dieu Providence. »             Lucille Langlais, s.p.

« La béatification de notre Fondatrice, c’est une grâce et une bénédiction du ciel pour notre Institut, pour les personnes qui nous sont associées et pour tous ceux qui croient au pouvoir d’intercession d’Émilie.  Ce fut une occasion unique de coudoyer des gens de différentes nationalités qui partagent la même foi et la même jubilation pour la béatification d’une des leurs, «tous unis dans un même élan». Le Saint-Père, en de telles occasions, devient un modèle de ténacité et de courage dans la maladie qui l’affecte et une inspiration d’aller de l’avant dans notre foi avec audace jusqu’au bout de nos capacités. En quelques mots, ce séjour a élargi nos horizons et nous a fait comprendre un peu plus la grandeur et l’amour de Dieu qui nous entoure sans cesse de sa bienveillante attention. »                                                                             La Résidence Chambly, Montréal

Publié dans Vie Providence par Sœur Yvette Demers, s.p., Vice-postulatrice de la Cause

2016-08-23

Gratitudes à Émilie Tavernier Gamelin


À la Bienheureuse Emilie Gamelin et à son coeur attentif..




Gratitudes à Émilie pour:

Nous sommes très heureux pour les faveurs que nous avons confiées à la bienheureuse Mère Gamelin et que nous avons obtenues : la vente de notre maison, l'achat d’un condo et le déménagement qui s’est bien effectué. Mon mari et moi-même sommes très satisfaits. Merci à Émilie d'avoir entendu notre appel.     L.S. Boucherville

Un grand merci au Seigneur et à Mère Émilie Gamelin pour la faveur obtenue et qui comptait beaucoup pour moi. C’était une situation qui me causait beaucoup d’angoisse.
C.T., Ste-Élisabeth, QC

Je remercie Émilie pour la faveur obtenue : une amie de ma fille se faisait harceler de multiples manières;après l’avoir confiée à Mère Gamelin, elle est maintenant libérée de tout cela.  L.V. Louiseville

Nous remercions la bienheureuse Mère Gamelin pour la vente de notre maison, pour 
avoir trouvé un logement adapté à l’état de santé de mon mari, et pour avoir réglé un 
embarras financier qui s'est réglé sans frais.                     G. et R. M„ Mascouche, QC



Bureau de la Cause Émilie Gamelin

2016-07-20

O DOUCE PROVIDENCE


Il y a les cantiques qui meurent et ceux qui demeurent. On trouve ici un des cantiques préférés de Mère Gamelin, qui est resté à l'honneur dans les "Providences" de la Communauté.

A la Maison mère notamment, ce chant soulève encore de puissantes vagues douces et nostalgiques comme celles de l'océan. Peut-être suffit-il de l'entendre pour l'aimer.
Il prolonge, en tout cas, les voix chevrotantes des vieilles que Mère Gamelin excellait à faire vibrer, aux heures lointaines de la fondation, quand il s'agissait de pacifier ses protégées, ou bien de loger un appel d'urgence au Père des pauvres.

Monseigneur Bourget appréciait cette joie chantante dans l'exercice de la charité ! Nul doute qu'il y fait allusion dans ces lignes qu'il consacre à la disparue en 1851: "Il faisait bon de la voir dans les salles, entourée de ses bonnes vieilles dont l'air serein et riant annonçait assez qu'en présence de leur mère, elles oubliaient leurs souffrances. Ayant eu le bonheur d'assister moi-même assez souvent â ce spectacle attendrissant, je ne puis refuser ici à la bienheureuse mémoire de la Mère Gamelin le témoignage de mes profondes émotions. Elles sont toutes restées gravées au fond de mon âme; et aujourd'hui qu'elle n'est plus, elles se réveillent plus vives que jamais..." 
(Mélanges Religieux, 10 octobre 1851).

Le Cantique "0 Douce Providence" (dont l'air primitif était celui de la chanson Partant pour la Syrie) a été publié dans un recueil de cantiques, qu'on trouve à Québec en 1819, sous la signature de l'abbé Jean-Denis Daulë).


Pour écouter le ''O Douce Providence'' cliquer ci-dessous:

http://heritagedemilie.blogspot.ca/2006/06/hymne-la-providence.html


A Montréal, Mère Gamelin l'immortalisa...
Extrait de: "La femme au coeur attentif par le R.P. Eugène Nadeau, o.m.i., p. 307

2016-06-14

Mère Émilie Gamelin (La Metropole.com, juillet 12)

Mère Gamelin laissera un précieux héritage et, à l’image de sa fondatrice, la congrégation demeura très active. Plus de cent ans après sa fondation, elle sera présente non seulement à Montréal et au Québec, mais aussi aux États-Unis et en Amérique latine. Les bonnes sœurs s’emploieront à aider les pauvres et les malades, mais aussi les infirmes, les vieillards et les malades mentaux. Par exemple, nous leur devons l’érection de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, aujourd’hui Louis-Hyppolite-La Fontaine et de l’école des sourdes-muettes sur la rue Saint-Denis. Depuis quelques années, les Sœurs de la Providence occupent une nouvelle maison-mère dans le nord de Montréal. Dans ce splendide édifice, on peut se recueillir sur la tombe de Mère Gamelin et visiter un musée dédié à sa mémoire.


Le parc Émilie-Gamelin fut ainsi nommé en l’honneur de cette grande dame et aussi en l’honneur de l’Asile de la Providence qui fut construit à cet endroit en 1843. Mère Gamelin, aidée des autres sœurs, y accueillit les malades, les vieux et les infirmes, de même que la fameuse « œuvre de la soupe ». Comme quoi, la présence d’itinérants à cet endroit n’est pas un phénomène récent! Modernité oblige, l’asile fut démoli pour la construction de la station de métro Berri-de-Montigny, aujourd’hui Berri-UQAM. Par la suite, ce terrain devint un monstrueux stationnement. Il fallut attendre le 350e anniversaire de Montréal pour que la ville propose l’érection d’un espace public et on le dédia à la mémoire de cette femme exceptionnelle que fut Mère Gamelin. Elle illustre parfaitement cette force tranquille et cette modestie si caractéristique des Canadiens français. 






Quand vous entrerez dans l’édicule élancé et vitré de la station de métro Berri-UQAM, ou quand vous ressortirez des entrailles de la ville, vous verrez une belle statue de bronze. Elle sera penchée vers vous et vous tendra une main généreuse. Après avoir vu sa cornette, sa longue robe noire et son crucifix, après avoir constaté qu’elle transporte un panier de victuailles destiné à une famille dans le besoin, vous la reconnaîtrez : vous serez en face de Mère Gamelin. Prenez cette main qu’elle vous tend. Elle vous aidera et vous encouragera, comme elle l’a si souvent fait tout au long de sa vie. En notre époque affligeante, Mère Gamelin pourra être une source inépuisable d’inspiration. Jamais les infortunes et les tourments de la vie n’ont pu endiguer ni sa force ni sa foi. Non seulement, son œuvre est digne des grands bâtisseurs, mais Mère Gamelin a su démontrer que le dévouement face aux malheurs d’autrui, le courage devant nos propres malheurs et l’humilité devant le créateur ne sont pas des vertus d’un obscur ancien temps. Elles traversent tous les âges et toutes les époques, jusqu’à aujourd’hui.

2016-06-11

La Miséricorde divine et Émilie Gamelin

« Dieu, riche en miséricorde » (Ép. 2, 4) «Le bon Dieu avait des vues de miséricorde sur moi. » Sr Gamelin

Émilie Gamelin entourée de
ses pauvres.
Nous vivons présentement dans l'Église une Année Sainte, celle du Jubilé de la Miséricorde, commencée le 8 décembre 2015 et qui se terminera le 20 novembre 2016. N'est-ce pas « l'année de bienfaits » annoncée déjà par le prophète Isaïe? (Is 61, 1-2)

Notre Pape François introduit la « Bulle  d'indiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde » par ces mots : « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ép 2,4,) après avoir révélé son nom à Moïse comme « Dieu tendre et miséricordieux,... » (Ex34,6) n'a pas cessé de faire connaître sa nature divine. Lorsqu'est venue la « plénitude des temps » (Ga 4,4), Il envoya son Fils né de la Vierge Marie, pour nous révéler de façon définitive son amour... À travers sa parole, ses gestes et toute sa personne Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu ».
De plus, le 12 janvier dernier, le premier livre du pape François, intitulé Le nom de Dieu est miséricorde, était présenté à Rome et, dans cet ouvrage, le pape François propose un chemin, et affirme que « la miséricorde est la carte d'identité de notre Dieu ». Il invite à « faire l'expérience du don de Dieu. Un don qui encourage et rend capable de «recommencer à nouveau », qui laisse  «entrevoir la miséricorde de Dieu ».

Voilà l'itinéraire suivi par notre bienheureuse Émilie Gamelin qui, au cours de sa vie, se remettait en toute confiance entre les mains de Dieu; à preuve ses « Notes de retraites», où on retrouve presque à chaque page : le mot miséricorde. En voici quelques extraits :

« Je me suis mise en présence du Seigneur et j'ai mis ma confiance en sa grande miséricorde. » (1847)
« Plusieurs femmes sont venues me chercher pour mettre la paix dans leur maison 
et dans sa miséricorde, Dieu a voulu se servir de moi pour réconcilier des ménages brouillés » (1847)
« Quelle a été grande votre miséricorde à mon égard! » (1848)
« Oubliez, Seigneur, les péchés de ma vie, ne vous souvenez à mon
égard que de votre grande miséricorde. » (1848)
« Je m'abandonne à votre grande miséricorde. » (1850)
« Je suis pénétrée de misère... Pardon, Seigneur, et miséricorde (1851)

Émilie rejoignait déjà ce que souligne le pape dans son récent volume : « se reconnaître pécheur est une grâce », et se sentir regardé et aimé de Jésus, cela « change la vie ». Dans la bulle d'indiction, n° 15, le pape poursuit : « J'ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté et de pénétrer au cœur de l'Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. »

Notre fondatrice Émilie Tavernier-Gamelin, femme de compassion, femme de miséricorde, a vraiment penché son cœur sur toute misère humaine.

Il me semble la voir circuler dans les rues du Montréal de 1830-50, donner à manger à ceux qui ont faim Œuvre de la soupe), visiter les malades, les démunis, abriter les vieillards (Asile de la Providence), accueillir les étrangers (Irlandais), visiter  les prisonniers (prison de Montréal), soigner les malades (typhus, choléra), accompagner les mourants, etc..  Femme de compassion et de miséricorde!

Et cette compassion a été contagieuse, à preuve, le dévouement des Dames de charité qui l'ont assistée pour secourir les pauvres à domicile, le soin des dames âgées et infirmes, des orphelins, des enfants pauvres des écoles, la visite des prisonniers, la formation de bonnes filles de service, la préparation des remèdes, l'organisation de bazars, la distribution de repas, la collaboration de médecins qui acceptent de soigner gratuitement les pauvres, etc.... (Et plus tard, ses filles, les Soeurs de la Providence)

Tiré du Bulletin des Associées & Associés Providence par
Yvette Demers, s.p.
Vice-postulatrice
Cause Émilie Tavernier-Gamelin




2016-05-22

Un témoin de la compassion d'Émilie Gamelin pour les patriotes...

Voici un document à l'appui du fait de la compassion de la Servante de Dieu envers les prisonniers et leurs familles.

Un premier témoin est Sophie Longtin (1825-1914). Fille du prisonnier Jacques Longtin, elle deviendra plus tard Sœur Jean-Baptiste, s.p., et elle racontera comment elle a visité son père en prison, grâce à Madame Gamelin, le 8 novembre 1838. Nous donnons ci-après ce récit puisqu'il tient lieu d'original. Maintes fois cet épisode fut raconté par des contemporaines de Sœur Jean-Baptiste dont quelques-unes vivent encore aujourd'hui (1888).124 la témoin: Extr.: Vie de Mère Gamelin... (1900) op. cit., pp. 44-46.

«Le 8 novembre 1838, elle [Sophie Longtin] vint à Montréal avec sa mère pour tenter de pénétrer auprès du captif. La permission leur en fut refusée, et leur douleur fut d'autant plus grande que la loi martiale avait été proclamée la veille même, et que des rumeurs sinistres circulaient sur le sort réservé aux infortunés détenus. Dans son affliction, la pauvre femme se rendit chez madame Gamelin pour lui demander conseil et assistance.

«Celle-ci, raconte sœur Jean-Baptiste (Sophie Longtin), ne pouvant amener ma mère à la prison, à cause du refus qu'elle venait d'essuyer, eut la délicatesse de me prendre avec elle pour sa visite quotidienne. Je partis donc avec madame Gamelin, l'aidant à porter ses provisions, dont une part était destinée à mon pauvre père. J'avais le cœur bien gros, et des larmes brûlantes coulaient le long de mes joues, en songeant que j'allais voir mon père bien aimé, prisonnier dans cet affreux donjon, lui si bon et que nous aimions tant! «Nous traversâmes la cour de la prison entre deux rangées de soldats armés. Le guichetier ouvrit une immense porte en fer et la referma sur nous. Je tremblais de tous mes membres, mais madame Gamelin me rassura avec une bonté toute maternelle.

«Bientôt nous fûmes dans la salle des détenus. En l'apercevant, les prisonniers allèrent au-devant d'elle comme au-devant d'une mère. Elle les salua en leur disant: "Je viens voir comment se portent mes enfants aujour­d'hui!" Pendant qu'elle leur distribuait les messages de leurs familles et ses provisions, parmi lesquelles il y avait du tabac et des friandises, je pus voir mon bon père. Je ne sais ce que je lui dis, mes sanglots m'étouffaient; mais cette entrevue est restée pour toujours gravée dans mon esprit.
«Durant cette longue visite, madame Gamelin fit à ses chers prisonniers une courte lecture de piété, comme elle le faisait toujours; elle récita le chapelet avec eux et, sur le point de partir, leur dit en souriant: «Si vous voulez bien, avant que je me retire, nous allons faire ensemble notre prière du soir.» Et tous ces braves gens, s'agenouillant sur les dalles, mêlèrent une dernière fois dans la prière leur voix à celle de leur ange consolateur.

«Cent douze patriotes subirent leur procès devant la Cour martiale, du 28 novembre 1838 au 1er mai 1839; quatre-vingt-dix-huit furent condamnés à mort; douze furent exécutés; douze, mis hors de cause ou acquittés; trente, libérés sous caution, et cinquante-huit, exilés.»

2016-03-25

Émilie Gamelin et Notre-Dame des Douleurs

En ce Vendredi-Saint où la Vierge des Douleurs a suivi son fils portant sa croix, où elle a assisté debout au pied de la croix, à son crucifiement et où elle le reçu dans ses bras à sa descente de la croix, nous comprenons mieux ses douleurs atroces de mère. Une femme après elle et à son exemple , Émilie Tavernier Gamelin, s'est tenue debout au moment du décès de son époux et de ses trois enfants. Lisons un extrait d'un opuscule parut 25 ans après son décès où elle parle de sa dévotion à Notre-Dame des Douleurs:

"Elle"(Émilie Gamelin) trouve un charme particulier à parler de cette dévotion et elle aime à rappeler que son directeur spirituel (M. Saint-Pierre) lui a donné Notre-Dame des Sept-Douleurs comme seule consolation dans ses épreuves. Elle dit qu'elle a toujours regardé la Mère de la Compassion comme sa patronne et sa protectrice. Aussi, malgré les obstacles de tous genres, elle parvint, pour la première fois, à faire imprimer, dans notre ville, l'effigie du scapulaire de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Sa dévotion à la Compassion de Marie est si bien connue, que le chanoine Hyacinthe Hudon, vicaire général, voyant en France un groupe représentant Notre-Dame des Sept-Douleurs, se rappelle aussitôt la dévotion de notre vénérée Mère. Il fait l'acquisition de cette pieuse représentation, l'expédie en Canada, afin qu'elle soit déposée dans l'Eglise de la Providence. Comment après ces exemples de cette pieuse Fondatrice ne pas aimer Notre-Dame des Sept-Douleurs, comment ne pas se confier en sa bonté maternelle?... Elle a trop protégé la mère pour ne pas protéger (ceux et celles) qui veulent marcher sur ses traces."

À visionner le vidéo suivant:

Film sur la Vierge des douleurs



2016-03-01

Derniers mois d'Émilie sur terre...

Au moment où une terrible maladie a envahie les bateaux des immigrants  irlandais, le gouvernement laisse totalement aux religieuses le soin de ces malades ; il refuse d’intervenir malgré l’ampleur du désastre et les supplications de l’évêque de Montréal. Mgr Bourget écrit à ses fidèles : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fît..! » Les Montréalais répondent à l’appel : « Nous allons adopter les orphelins dont les parents sont décédés durant l’épidémie. Et nous les traiterons comme nos propres enfants. »

Mais que faire avec tous les autres ces enfants devenus orphelins par la mort de leurs parents ? Mgr Bourget demande aux Sœurs de la Providence : Transformez une de vos maisons en orphelinat pour recevoir ces pauvres petits. » Il va lui-même aider à y transporter 150 enfants âgés de quelques mois à 15 ans. Plusieurs d’entre eux sont couverts de vermine et font terriblement pitié à voir : les sœurs vont s’en occuper, les soigner et sauver leur vie.

Pour instruire ces enfants et tous ceux qui courent dans les rues de Montréal, les Sœurs de la Providence décident de prendre en charge l’école Saint-Jacques. « Le Seigneur nous veut au service de tous les enfants, il faut, nous en occuper », dit Mère Gamelin. « Accueillons les petites filles qui doivent s’instruire, si elles veulent devenir  les femmes heureuses et utiles à notre société ;  et les petits garçons, pour qu’ils fassent de bons papas et de braves citoyens. »

Emilie et la société de son temps

Eveillée aux réalités sociales, Emilie aidait des personnes à trouver un toit et une formation pour d'autres qui donnaient un service à domicile. Elle a répondu aux besoins des immigrants, des orphelines, des personnes sans éducation. Comme les personnes sourdes n'avaient aucun recours, Emilie a cherché des façons de répondre à leurs besoins. Le manque d'assistance aux personnes mentalement perturbées a touché son cœur et lui a inspiré une nouvelle grande œuvre secourable. Adulte, mature, le cœur plein de compassion! Invitée, elle a répondu! Et nous, aujourd'hui ?

2016-02-24

PRIÈRE D’UNE PERSONNE AGÉE

Bénis soient ceux qui comprennent que mes pieds sont devenus lents
et que mes mains tremblent.
Bénies soient celles qui acceptent que mes yeux ne voient plus bien
et que mes oreilles entendent difficilement.
Bénies soient celles qui me sourient
et s’arrêtent pour bavarder avec moi.
Bénies soient toutes les personnes qui sont bonnes pour moi,
je ne les oublierai pas quand je serai auprès de Dieu.

‘’Soleils de vie’’
Phil Bosmans

Émilie Gamelin avait au coeur ce sentiment qu'on appelle COMPASSION, 
envers les personnes âgées qu'elle accueillait dans sa maison,
jusqu'à 32, nous disent les Chroniques du temps.
Thérèse Dr.

2016-02-18

Émilie Gamelin et la providence, en ce jour anniversaire

Émilie Tavernier naît le 19 février 1800 à Montréal, la dernière de 15 enfants dont 9 étaient déjà décédés à sa naissance. La famille Tavernier était installée sur une terre appelée ‘Fief Providence’, située au nord de la ville de Montréal. Un détail ordinaire peut-être, ce nom de Providence, mais qui aura son importance dans la vie d’Émilie, car le peuple donnera plus tard à son œuvre le nom de ‘providence’ , en se disant les uns les autres : ‘C’est une vraie providence’ ou ‘allons à la providence’ !
Toute jeune,  Émilie admire sa mère qui, malgré leurs modestes moyens, ne laisse jamais aucun mendiant, qui frappe à leur porte, repartir les mains vides. Émilie Gamelin a été cette femme appelée à vivre sous l'enseigne Providence. Sa vie entière nous parle de la sollicitude fidèle de Dieu.

A chaque moment de sa vie, elle est en relation avec Dieu qui se communique à elle par les événements et les personnes. Elle est consciente de ses failles et de ses échecs, mais convaincue de pouvoir, à un moment de grâce, dépasser les limites même de sa nature. Elle a le courage de croire en la divine bonté appelée Dieu et elle sait que cette Providence divine enveloppera d'amour sa propre histoire.

Sa communion constante avec la divine présence devient la base et l'horizon de toutes ses expériences et de sa sécurité. C'est la lumière dans laquelle elle voit toutes choses, le point de référence avec lequel elle évalue les événements, les faits, les relations et les situations dans sa vie. La Providence, c'est le regard qu'elle porte continuellement sur le pauvre.
Lorsque la nuit est au degré le plus sombre, elle prend ses ‘’lunettes Providence’’ et elle demeure convaincue que la "Providence se lèvera avant le soleil’’. Parce qu'elle se sait aimée et objet de l'amour divin, elle agit avec grande confiance, ce qui lui permet d’apporter le calme et la paix aux personnes anxieuses qu'elle rencontre.

Nous rendons hommage  à Émilie Gamelin et nous rendons grâce au Dieu Providence pour cette vie si bien remplie et totalement vouée au profit des plus faibles que Jésus a tant aimés et à qui il a montré un visage de miséricorde et de tendresse. À nous comme à Émilie, il redit : ‘’J’avais faim…, j’étais seul…, j’étais prisonnier…, et vous êtes venus jusqu’à moi’’. Nous aussi, allons de par les rues, dans nos milieux, et annonçons à tous la Bonne Nouvelle d’un Dieu Providence qui nous aime et nous invite à participer à son œuvre de salut.

Émilie Gamelin s’est sentie appelée par la Bonté divine à être cette bonté pour les autres, à aller là où d'autres ne peuvent aller, regardant et sentant ce que les autres ne peuvent voir et sentir.

Pour notre réflexion :  ’Aujourd'hui comment cette Femme Providence nous parle-t-elle? Quelle parole spéciale dit-elle à un monde inquiet et anxieux? Quel trait de la face de Jésus révèle-t-elle à ceux qui la connaissent?
Th.Dr.