On retrouve très tôt chez
Émilie Tavernier une capacité de s'affirmer, un talent d'organisation et une
facilité à trouver des coopérateurs et coopératrices.
Ces qualités se révèlent déjà chez elle lorsque, à 18
ans, elle tient maison chez son frère devenu veuf, alors qu'elle inaugure la «
table du roi » pour accueillir les mendiants qui frappent à la porte; pour eux,
une table est toujours mise et elle les sert elle-même.
En 1823, Émilie épouse Jean-Baptiste Gamelin et
s'ingénie à collaborer avec lui pour subvenir aux besoins des démunis de la
ville. Elle seconde ses activités et ses démarches.
Devenue veuve en 1828, elle découvre, en contemplant la
Vierge au pied de la croix, la mission que Dieu lui confie : à l'avenir, son
mari et ses enfants seront tous ceux qui souffrent de quelque façon. Elle
parcourt les faubourgs de l'époque, recueille chez elle les dames âgées et
infirmes les plus vulnérables et s'adjoint des bénévoles pour tenir la maison
et lui prêter main-forte pour les diverses besognes; elle recourt aussi à des
parentes et à des amies pour la seconder dans son action charitable. Femme
d'affaires, elle verra à vendre des propriétés héritées de son mari afin de
pouvoir subvenir aux besoins de ses protégées. Elle organise des bazars, visite
les garde-robes des riches..., ce qui fera dire à certains, « cela ne coûte pas
de donner à Madame Gamelin, car on sait que le tout sera bien utilisé, pour les
pauvres ».
Au
moment où Mgr Ignace Bourget décide de demander les Filles de la Charité de
saint Vincent de Paul pour prendre la relève de l'œuvre de la Providence,
Émilie s'offre à quêter afin de trouver les fonds nécessaires pour construire
une maison pour les futures « Sœurs.
Devenue elle-même religieuse le
29 mars 1844, ses qualités d'organisation et de leadership sont reconnues et
elle est élue supérieure dès le lendemain de sa profession, le 30 mars 1844;
elle sera réélue à chaque élection.
Elle saura préparer les novices
et les jeunes Sœurs à l'œuvre de charité et de Providence; elle se rendra
disponible pour répondre à tous les nombreux besoins qui se présenteront; elle
verra à répondre aux désirs des évêques qui veulent des maisons Providence dans
leur milieu et accompagnera elle-même les Sœurs nommées pour ces diverses fondations.
Partout, elle est reconnue comme une « vraie Providence
»; on la demande au chevet des malades et des mourants, on loue son dévouement
et sa générosité.
Ce charisme de leadership, elle
le passera d'une façon spéciale et sans le savoir à deux grandes femmes qu'elle
a accueillies elle-même au noviciat : Esther Pariseau, le 26 décembre 1843 et
Vénérance Morin, le 11 mai 1850. La première sera la pionnière de nos missions
de l'Ouest américain et canadien tandis que la deuxième deviendra la fondatrice
de la communauté de la Providence à Santiago, Chili.
Dans les journaux du temps, au lendemain de la mort de
Mère Émilie Gamelin, survenue rapidement le 23 septembre 1851 on écrivait, «
Gloire soit éternellement rendue à Dieu, qui a donné une semblable héroïne à
notre siècle, un tel exemple à notre peuple. »
Bureau de la Cause Émilie-Gameliin