Extrait de « Vie de Mère
Gamelin » (chap. 1V, p.33)
Son refuge, (Asile de la Providence) où aller
tendre la main, le cœur gros d’inquiétude, voyant ses pauvres sur le point
de manquer de nourriture, elle s’était demandé si elle n’avait pas trop présumé
de ses forces et tenté la divine Providence, en s’aventurant dans une œuvre
dont le lendemain demeurait incertain. Mais Dieu, qui nourrit les
oiseaux du ciel et pare le lys des champs, ne l’avait jamais laissée sans
secours.
qui compta bientôt
trente internes, constituait déjà, pour ses ressources, une œuvre considérable.
Elle (Mme Gamelin) avait à pourvoir à toutes les dépenses du loyer, du
chauffage, de la nourriture et du vêtement. Que de fois, ne sachant
Un jour d’ hiver, entre
autres, où elle venait d’acheter quelques cordons de bois, il ne lui restait
pas un sou pour se procurer le dîner de sa maisonnée, qui avait mangé le matin
même son dernier morceau de pain. En proie à la plus vive inquiétude, elle
entra dans l’église Notre-Dame et, se prosternant au pied du tabernacle, elle
versa des larmes abondantes : « Seigneur, disait-elle, ne savez-vous
pas que vos pauvres n’ont plus rien à manger? » puis elle se releva pleine
de courage, sûre que le Dieu de l’Eucharistie avait entendu sa plainte.
Essuyant ses larmes, elle allait se rendre au marché pour y tendre la main, quand
un vieillard vénérable s’approcha d’elle et lui dit : « N’êtes-vous
pas cette dame Gamelin qui s’occupe des pauvres? Et sur sa réponse affirmative, il lui remit un
billet de vingt-cinq louis. Elle n’eut pas le temps de le remercier, il s’était
déjà éloigné.