Au moment où une terrible maladie a envahie les bateaux des
immigrants irlandais, le gouvernement laisse totalement aux religieuses le soin de ces
malades ; il refuse d’intervenir malgré l’ampleur du désastre et les
supplications de l’évêque de Montréal. Mgr Bourget écrit à ses fidèles : «
Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fît..! » Les Montréalais
répondent à l’appel : « Nous allons adopter les orphelins dont les parents sont
décédés durant l’épidémie. Et nous les traiterons comme nos propres enfants. »
Mais que faire avec tous les autres ces enfants devenus orphelins
par la mort de leurs parents ? Mgr Bourget demande aux Sœurs de la Providence :
Transformez une de vos maisons en orphelinat pour recevoir ces pauvres petits.
» Il va lui-même aider à y transporter 150 enfants âgés de quelques mois à 15
ans. Plusieurs d’entre eux sont couverts de vermine et font terriblement pitié
à voir : les sœurs vont s’en occuper, les soigner et sauver leur vie.
Pour instruire ces enfants et
tous ceux qui courent dans les rues de Montréal, les Sœurs de la Providence
décident de prendre en charge l’école Saint-Jacques. « Le Seigneur nous veut au
service de tous les enfants, il faut, nous en occuper », dit Mère Gamelin. «
Accueillons les petites filles qui doivent s’instruire, si elles veulent
devenir les femmes heureuses et utiles à
notre société ; et les petits
garçons, pour qu’ils fassent de bons papas et de braves citoyens. »
Les demandes ne cessent d’affluer
: « Mère Gamelin, nous avons besoin d’une école à Sainte-Elisabeth! » - « Mère
Gamelin, les enfants de Sorel n’ont personne pour les instruire ! » Et Mère
Gamelin répond à leurs demandes en créant de nouvelles institutions et en y
envoyant ses sœurs : « Il faut accueillir les enfants, comme les accueillait
le Seigneur Jésus lui-même. »
Chaque soir, après de longues et fatigantes journées de
travail, Mère Gamelin se rend à la chapelle de la maison pour prier dans le silence de la nuit.
« Notre Dame-des-Sept--Douleurs, soutenez-moi dans le service des malheureux.
Seigneur Jésus, j’unis mes souffrances à celles que vous avez portées
sur votre chemin de la croix.
Le 19 février 1851, c’est l’anniversaire de naissance
d’Émilie Gamelin. Son plus beau cadeau sera d’inaugurer une première école pour
des enfants qui vivent coupés du reste du monde : ce sont les sourdes-muettes,
qui pourront communiquer avec les autres par un nouveau langage de signes que
les Sœurs de la Providence vont maintenant leur apprendre.
Durant ce
temps, une autre épidémie court dans la ville, aussi terrible que le
typhus : c’est le choléra. Il a fait 533 victimes à Montréal en peu de
temps. Et soudain, sans avertissement, il s’apprête à en faire une nouvelle.
« Je ne vous
reverrai plus mes petites filles », dit un jour la supérieure à ses jeunes
novices. «J’ai le .choléra.
Je vais mourir… »
On fait venir le médecin. On l’entoure. On prie le ciel. Mgr Prince lui
donne le Sacrement des malades. Mgr Bourget vient à son chevet. Rien n’y fait :
le 23 septembre 1851, Émilie Tavernier-Gamelin quitte le monde qu’elle a si
bien servi pour aller à la rencontre du Père qui l’attend dans la joie.
Les Sœurs de la Providence ne sont pas orphelines
: du ciel, Mère Gamelin les inspire et les invite à poursuivre son œuvre: «Tant
que vous serez entourées de pauvres, la Providence vous assistera», disait-elle
à ses filles qu’elle envoyait en mission. Ses filles continuent donc à servir
les pauvres en divers lieux d’où elles entendent un appel.
Aux
États-Unis, les Sœurs de la Providence s’occupent des malades dans des dizaines
d’hôpitaux. Au Chili, elles enseignent aux enfants. Dans l’Ouest du Canada,
elles accueillent les immigrants et travaillent avec les plus anciens habitants
du pays. Plusieurs d’entre elles ont même été envoyées en Égypte et au cœur de
l’Afrique, aux Philippines, au El Salvador, en Argentine et en Haïti, pour
soutenir les personnes qui ont besoin d’aide.
Elles
apprennent à communiquer à des personnes qui sont sourdes. Elles apportent le
réconfort et le soutien aux personnes qui souffrent de maladies mentales. Elles
assistent les mamans et les enfants qui vivent toutes sortes de difficultés.
Bref, de bien des façons, les
Sœurs de la Providence font revivre Mère Gamelin en donnant leur vie au service
des personnes qui souffrent. Comme elle faisait, comme elle vivait. Pour cette
raison, Mère Gamelin est toujours vivante dans le cœur de celles qui veulent
vivre comme elle.
Elles se rappellent son
souvenir en chantant en chantant aujourd’hui encore le chant qu’elle aimant
tant :
Cliquer :O douce Providence
Tiré du livre « Mère Émilie Gamelin, la meilleure
amie des pauvres » de Jean-Guy Dubuc
Aucun commentaire:
Publier un commentaire