2015-08-20

Mère Gamelin, femme d'espérance...


" Appuyée sur les mérites de mon Sauveur, je suis pleine d'espérance ". (retraite de 1848)

Émilie Tavernier, cadette d'une famille de quinze enfants, naît sur un terrain qui a nom " Terre Providence ", et dès son éveil, elle apprend de sa mère que le mot " Providence " veut dire : Dieu qui prend soin de ses créatures.

Orpheline de mère, dès l'âge de quatre ans, elle connaît la séparation de ses frères et de son unique sœur, puisqu'elle se voit transplantée dans un autre foyer, celui d'une tante paternelle. De nature sensible elle souffre, mais elle trouve réconfort dans le don d'elle-même aux autres... vertu héritée de sa mère.

Une espérance l'habite... Émilie rêve de fonder un foyer bien à elle, ce dont elle a été privée. A 23 ans, elle contracte mariage avec Jean-Baptiste Gamelin; ils forment un couple chrétien et heureux et trois enfants naissent de cette union.

Pourtant, la Providence a autre chose à lui proposer... Le projet de Dieu va bouleverser la vie d'Émilie. Voilà que son rêve s'évanouit avec le décès de ses deux premiers enfants, de son mari et de son troisième enfant. Désolée, mais non abattue, elle se tourne vers la Vierge de la Compassion et découvre que le Seigneur la prépare à une autre mission.

Sa vie prend une nouvelle orientation... Elle accepte dans la foi de vivre une espérance transformée. A cette époque les besoins sont grands à Montréal... elle découvre bientôt que " souffrir aide à compatir "; à l'avenir, son mari, ses enfants... ce seront toutes les misères humaines qu'elle rencontrera, elle s'y dévouera, assurée qu'elle collabore au plan de Dieu sur elle, Lui qui " semble la conduire par la main "... En tout abandon, elle s'en remet à Lui, assurée qu'elle est là où II la veut!

Un jour Émilie apprend que son évêque désire confier à une communauté religieuse française, l'œuvre de charité compatissante que sa " fidèle diocésaine " dirige depuis 15 ans. Elle l'assiste dans les préparatifs de leur venue, et lorsque Mgr Bourget lui annonce que " les Sœurs de France " ne viennent plus, elle le secondera dans sa décision de fonder une communauté canadienne. Son espérance lui fait découvrir que Dieu réaliserait, à sa façon, son plan sur elle et sur son œuvre...

Lorsque l'appel à prendre rang parmi les nouvelles Sœurs se fit sentir, Émilie y voit encore le projet de Dieu, elle devient Sœur Gamelin, sous l'habit des Sœurs de la Providence. " Pleine d'espérance et appuyée sur les mérites de son Sauveur ", elle restera debout comme la Vierge du Stabat, même lorsque les contradictions, les difficultés surgiront... assurée que " tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu ". Elle s'appuie sur la force de Dieu, sur sa Providence, sur sa miséricorde, pour poursuivre sa route sans regarder en arrière. C'est pourquoi, lorsque le 23 septembre 1851, le Seigneur l'appelle à Lui, elle se remet comme un simple instrument entre les mains du Père, de qui elle attend toute miséricorde.

Emilie née sur la " Terre Providence ", devenue Sœur de la Providence, pleine d'espérance, rend son âme à Dieu, dans la Maison de la Providence.

Soeur Thérèse Frigon, s.p. / Responsable du bureau de la Cause Émilie Gamelin

2015-08-05

Un pas de plus dans la connaissance d'Émilie Gamelin

Madame Gamelin est devenue Sœur Gamelin. Il lui a fallu couper court à des exigences sociales, à des liens étroits qu la retenaient à de bonnes amies, à des parentes chères. A preuve, sa lettre qu,elle écrit à la cousine Fabre, au soir même de sa prise d’habit. L’évêque ne leur dit-il pas : »Vous ne serez plus dans le monde pour assister à ses fêtes et à ses spectacles, mais pour entendre les gémissements des malheureux, essuyer les pleurs… donner à manger à ceux qui ont faim, soigner les malades, etc.» 

Elle a dû couper court même à d’autres associations pieuses : la Confrérie de la Ste Famille dont elle fait partie depuis 1828 enregistre cette note : «  à l’assemblée du 7 nov. 1843, Mme Veuve Gamelin, née Émilie Tavernier, entrant dans la communauté des Sœurs de la Providence, prévient la Confrérie qu’elle ne peut plus assister aux assemblées et se recommande aux prières de ses consœurs auxquelles elle demeure unie de cœur et d’esprit. »


Émilie a déjà depuis longtemps semé la contagion autour d’elle! Les Dames de la plus haute société la secondent de leur présence et de leurs deniers, quand il s’agit des pauvres. Elles ouvrent leur garde-robes et affirment : « on ne craint pas de donner à Madame Gamelin, elle sait si bien mettre tout à profit pour ses pauvres. » Elles continueront de l’assister et de l’aider. Et Sœur Gamelin le leur rendra bien : elle organisera chaque année pour elles, une retraite à l’intérieur de l’Asile, et leur fournira avec le secours spirituel, gîte et couvert, ce que ces dames ne manquent pas d’apprécier pour leurs journées de prières et de réflexion.

Cette contagion, ses vieilles aussi en sont prises.. A l’intérieur de la maison de la Providence et même à l’extérieur, l’on entonne et l’on chante le cantique qui traduit si bien ce qu’en son âme Émilie vit à plein : sa confiance en la Providence. Chez elle «  la bouche parle vraiment de l’abondance du cœur! » et la confiance la pousse à toutes les audaces.


Appuyée sur ce « roc » inébranlable, Émilie avance toujours plus dans les voies de la Providence, elle ressent toutes les exigences de ce nouveau don d’elle-même, et seule une âme de sa trempe pouvait rester sereine devant tant d’obligations à assumer…
(Tiré d'une conférence de sœur Thérèse Frigon)

2015-08-01

Aimer à la manière d'Émilie Gamelin



Aimer, c'est compatir!             

Aimer est un mot galvaudé. Aimer, c'est s'intéresser vraiment à quelqu'un, lui être attentif; c'est le respecter tel qu'il est, avec ses blessures, ses ténèbres et sa pauvreté, mais aussi avec ses potentialités, ses dons peut-être cachés; c'est croire en lui, en ses capacités de grandir, c'est vouloir qu'il progresse; c'est avoir pour lui une espérance folle: « Tu n'es pas foutu, tu es capable de grandir et de faire de belles choses, j'ai confiance en toi. » C'est se réjouir de sa présence et de la beauté de son cœur, même si elle reste encore cachée; c'est accepter de créer avec lui des liens profonds et durables, malgré ses faiblesses et sa vulnérabilité, ses capacités de révolte et de dépression. Si souvent je ne m'intéresse à quelqu'un que lorsque je sens que je peux lui faire du bien et avoir ainsi le sentiment d'être quelqu'un de bien ! A travers lui, c'est moi que j'aime. C'est facile d'aimer quelqu'un quand cela m'arrange ou parce que cela me donne le sentiment d'être utile, de réussir. Aimer c'est bien autre chose. C'est être assez dépouillé de moi- même pour que mon cœur puisse battre au rythme du cœur de l'autre, que sa souffrance devienne ma souffrance. C'est compatir.   Jean Vanier