2016-06-14

Mère Émilie Gamelin (La Metropole.com, juillet 12)

Mère Gamelin laissera un précieux héritage et, à l’image de sa fondatrice, la congrégation demeura très active. Plus de cent ans après sa fondation, elle sera présente non seulement à Montréal et au Québec, mais aussi aux États-Unis et en Amérique latine. Les bonnes sœurs s’emploieront à aider les pauvres et les malades, mais aussi les infirmes, les vieillards et les malades mentaux. Par exemple, nous leur devons l’érection de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, aujourd’hui Louis-Hyppolite-La Fontaine et de l’école des sourdes-muettes sur la rue Saint-Denis. Depuis quelques années, les Sœurs de la Providence occupent une nouvelle maison-mère dans le nord de Montréal. Dans ce splendide édifice, on peut se recueillir sur la tombe de Mère Gamelin et visiter un musée dédié à sa mémoire.


Le parc Émilie-Gamelin fut ainsi nommé en l’honneur de cette grande dame et aussi en l’honneur de l’Asile de la Providence qui fut construit à cet endroit en 1843. Mère Gamelin, aidée des autres sœurs, y accueillit les malades, les vieux et les infirmes, de même que la fameuse « œuvre de la soupe ». Comme quoi, la présence d’itinérants à cet endroit n’est pas un phénomène récent! Modernité oblige, l’asile fut démoli pour la construction de la station de métro Berri-de-Montigny, aujourd’hui Berri-UQAM. Par la suite, ce terrain devint un monstrueux stationnement. Il fallut attendre le 350e anniversaire de Montréal pour que la ville propose l’érection d’un espace public et on le dédia à la mémoire de cette femme exceptionnelle que fut Mère Gamelin. Elle illustre parfaitement cette force tranquille et cette modestie si caractéristique des Canadiens français. 






Quand vous entrerez dans l’édicule élancé et vitré de la station de métro Berri-UQAM, ou quand vous ressortirez des entrailles de la ville, vous verrez une belle statue de bronze. Elle sera penchée vers vous et vous tendra une main généreuse. Après avoir vu sa cornette, sa longue robe noire et son crucifix, après avoir constaté qu’elle transporte un panier de victuailles destiné à une famille dans le besoin, vous la reconnaîtrez : vous serez en face de Mère Gamelin. Prenez cette main qu’elle vous tend. Elle vous aidera et vous encouragera, comme elle l’a si souvent fait tout au long de sa vie. En notre époque affligeante, Mère Gamelin pourra être une source inépuisable d’inspiration. Jamais les infortunes et les tourments de la vie n’ont pu endiguer ni sa force ni sa foi. Non seulement, son œuvre est digne des grands bâtisseurs, mais Mère Gamelin a su démontrer que le dévouement face aux malheurs d’autrui, le courage devant nos propres malheurs et l’humilité devant le créateur ne sont pas des vertus d’un obscur ancien temps. Elles traversent tous les âges et toutes les époques, jusqu’à aujourd’hui.

2016-06-11

La Miséricorde divine et Émilie Gamelin

« Dieu, riche en miséricorde » (Ép. 2, 4) «Le bon Dieu avait des vues de miséricorde sur moi. » Sr Gamelin

Émilie Gamelin entourée de
ses pauvres.
Nous vivons présentement dans l'Église une Année Sainte, celle du Jubilé de la Miséricorde, commencée le 8 décembre 2015 et qui se terminera le 20 novembre 2016. N'est-ce pas « l'année de bienfaits » annoncée déjà par le prophète Isaïe? (Is 61, 1-2)

Notre Pape François introduit la « Bulle  d'indiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde » par ces mots : « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ép 2,4,) après avoir révélé son nom à Moïse comme « Dieu tendre et miséricordieux,... » (Ex34,6) n'a pas cessé de faire connaître sa nature divine. Lorsqu'est venue la « plénitude des temps » (Ga 4,4), Il envoya son Fils né de la Vierge Marie, pour nous révéler de façon définitive son amour... À travers sa parole, ses gestes et toute sa personne Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu ».
De plus, le 12 janvier dernier, le premier livre du pape François, intitulé Le nom de Dieu est miséricorde, était présenté à Rome et, dans cet ouvrage, le pape François propose un chemin, et affirme que « la miséricorde est la carte d'identité de notre Dieu ». Il invite à « faire l'expérience du don de Dieu. Un don qui encourage et rend capable de «recommencer à nouveau », qui laisse  «entrevoir la miséricorde de Dieu ».

Voilà l'itinéraire suivi par notre bienheureuse Émilie Gamelin qui, au cours de sa vie, se remettait en toute confiance entre les mains de Dieu; à preuve ses « Notes de retraites», où on retrouve presque à chaque page : le mot miséricorde. En voici quelques extraits :

« Je me suis mise en présence du Seigneur et j'ai mis ma confiance en sa grande miséricorde. » (1847)
« Plusieurs femmes sont venues me chercher pour mettre la paix dans leur maison 
et dans sa miséricorde, Dieu a voulu se servir de moi pour réconcilier des ménages brouillés » (1847)
« Quelle a été grande votre miséricorde à mon égard! » (1848)
« Oubliez, Seigneur, les péchés de ma vie, ne vous souvenez à mon
égard que de votre grande miséricorde. » (1848)
« Je m'abandonne à votre grande miséricorde. » (1850)
« Je suis pénétrée de misère... Pardon, Seigneur, et miséricorde (1851)

Émilie rejoignait déjà ce que souligne le pape dans son récent volume : « se reconnaître pécheur est une grâce », et se sentir regardé et aimé de Jésus, cela « change la vie ». Dans la bulle d'indiction, n° 15, le pape poursuit : « J'ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté et de pénétrer au cœur de l'Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. »

Notre fondatrice Émilie Tavernier-Gamelin, femme de compassion, femme de miséricorde, a vraiment penché son cœur sur toute misère humaine.

Il me semble la voir circuler dans les rues du Montréal de 1830-50, donner à manger à ceux qui ont faim Œuvre de la soupe), visiter les malades, les démunis, abriter les vieillards (Asile de la Providence), accueillir les étrangers (Irlandais), visiter  les prisonniers (prison de Montréal), soigner les malades (typhus, choléra), accompagner les mourants, etc..  Femme de compassion et de miséricorde!

Et cette compassion a été contagieuse, à preuve, le dévouement des Dames de charité qui l'ont assistée pour secourir les pauvres à domicile, le soin des dames âgées et infirmes, des orphelins, des enfants pauvres des écoles, la visite des prisonniers, la formation de bonnes filles de service, la préparation des remèdes, l'organisation de bazars, la distribution de repas, la collaboration de médecins qui acceptent de soigner gratuitement les pauvres, etc.... (Et plus tard, ses filles, les Soeurs de la Providence)

Tiré du Bulletin des Associées & Associés Providence par
Yvette Demers, s.p.
Vice-postulatrice
Cause Émilie Tavernier-Gamelin