Ce fut dans le village de la Longue-Pointe
que Mère Gamelin fonda sa première mission. Prévit-elle, dès ce moment ,
l'avantage que pourrait offrir cette situation .... : deux de nos œuvres les plus considérables ont pris naissance en
ce lieu, celle des sourdes-muettes et celle des aliénés. Au printemps de
l'année 1846, mère Gamelin alla installer deux de ses filles dans la maison de
la ferme St-Isidore, pour y ouvrir une école élémentaire. La première année, la
classe comptait trente élèves.
Les sœurs exercèrent dans cette
mission toutes les œuvres propres à la congrégation: l'hospitalité des
orphelines et des infirmes, la visite des malades, etc... Pour s'assurer des
ressources, elles prirent, dès la première année, des élèves en pension, ce qu'elles
firent jusqu'en 1870.
En 1847, mère Gamelin
fit ajouter une allonge considérable à la maison, devenue trop petite.
En 1852, nos sœurs ouvrirent à
cet endroit, un hospice d'aliénés (malades mentaux). Les classes furent
converties en cellules et dix-sept aliénés en prirent possession. Depuis l'adoption qu'elle avait faite, à la
mort de son mari, du pauvre idiot Dodais, elle avait toujours porté un
singulier intérêt à ces infortunés. Dieu bénit cet œuvre, comme toutes celles
qu'elle a entreprises. Le petit hospice de St-Jean-de-Dieu, en compte en 1900,
dix-sept cents.
La petite graine devint le grand
hôpital St-Jean-de-Dieu puis Hyppolite Lafontaine. Il abrita jusqu'à environ
6000 malade mentaux un jour.
Cette même année, la ferme
St-Isidore donna l'hospitalité aux prêtres âgés ou malades, à qui l'infatigable
charité de mère Gamelin avait ouvert, dès 1846, une maison de retraite.
Presqu'en même temps, on fit appel
à mère Gamelin pour ouvrir un hospice à Laprairie (devenue La Belle Époque
aujourd'hui). Elle se sentit d'autant plus inclinée à répondre à cet appel qu'il
venait de la part de la société des dames de charité. Ces dernières avaient
pris l'initiative de la visite et du soin des pauvres. Elles avaient même loué
une maison pour y recevoir ceux qui n'avaient pas de demeure convenable.
C'est cette même maison que les
dames remirent à mère Gamelin , le 15 mai 1846. Elle abritait à ce moment-là
huit vieilles infirmes. L'arrivée des sœurs causa une grande joie parmi les
familles pauvres du village. Malgré le peu de ressources de cette maison, qui
dépendait uniquement de la charité publique, la fondation s'annonçait sous les
plus heureux auspices... quand un incendie détruisit une partie du village dont
une portion de l'hospice. Le feu s'arrêta à l'église.
Les sœurs et les pauvres
infirmes, au nombre de quatorze, se réfugièrent au bord du fleuve. C'est là que
notre vénérable mère, accourue dès le matin , les trouva au milieu de centaines
de malheureux sans asile, groupés autour des quelques meubles et des quelques
habits qu'on avait pu sauver du désastre.
Après avoir distribué autour
d'elle, avec sa bonté et sa cordialité accoutumées, des consolations et des
encouragements, la bonne mère repartit immédiatement pour la ville, ramenant à
l'Asile les quatorze vieilles de l'hospice, pendant que les religieuses
trouvaient refuge chez les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.
Mère Gamelin revint incessamment,
accompagnée de sœur Caron, pour distribuer les secours les plus urgents à ces
familles en détresse. Dans l'intervalle, des comités de secours s'organisèrent
à la ville et dans les campagnes voisines, pour venir en aide aux incendiés.
Nos sœurs furent chargées de distribuer les dons en argent, en aliments et en
vêtements, et mère Gamelin, assistée de sœur Caron, présida dès le lendemain à
la première distribution.
Les anciennes pensionnaires
purent rentrer dans leur maison après les premières réparations, dès le 24 septembre; leurs pauvres sans abris
les y suivirent au mois de novembre..
Cependant, la pauvreté de la
maison ne cessait pas d'être extrême ; on y manquait parfois du nécessaire.
Mère Gamelin fut sur le point de rappeler ses religieuses. Elle dut céder à
leurs instances car elles ne pouvaient se résoudre à abandonner leurs pauvres.
Moins d'un an plus tard, mère
Gamelin était forcée d'ouvrir dans cette mission une salle d'orphelines .
Plusieurs de ces pauvres enfants abandonnés ne pouvaient que très difficilement
trouver place dans d'autres établissements
de charité. Pour subvenir aux besoins de ces nouvelles pensionnaires, les sœurs
s'imposèrent un surcroît de travail et les plus grandes privations, jusqu'à se
contenter pour leur nourriture, des restes des pauvres.
Émilie faisait toujours confiance à la Providence et prenait souvent des risques pour le bien-être de ses malades. Elle a ouvert beaucoup de maisons pour couvrir les besoins des pauvres de son temps. C'est ce qui fait d'elle aussi efficace quand on lui confie les achats ou ventes de maison. Merci Émilie.
Auteur: Une sœur de la Providence inconnue
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