L’année 1828 s’annonçant très rude surtout pour les
pauvres, les citoyens de Montréal s’entendirent dès l’automne afin d’aviser aux
moyens de prévenir les misères ou de les soulager en temps opportun.
Le 13 décembre 1827, quelques dames réunies chez Mme Gabriel Cotté, sous la présidence de M. Phelan, prêtre de Saint-Sulpice, avait proposé de former une association ayant pour fin de soulager les pauvres.
Cinq jours plus tard, a lieu chez
Mme Cotté une nouvelle assemblée d’une cinquantaine de dames, toutes
appartenant à la première société de Montréal. Avec l’approbation de Mgr
Lartigue et sous la direction des Messieurs de Saint-Sulpice, elles fondent une
société qu’elles intitulent: Association des Dames de la Charité. A cette même
séance ont lieu l’élection des dignitaires et l’organisation de le Société qui
comprendra: 1.un conseil dirigeant; 2. un comité chargé de distribuer la soupe
dans une maison de la rue Saint-Éloi, mise à sa disposition ; 3. un comité dont
les membres visiteront les pauvres : Mme Gamelin avait alors 27 ans et
avait perdu son mari et ses trois enfants et était donc une des associées toute
désignée pour ce service. L’une des obligations de ces dames visiteuses sera de
mettre les pauvres en communication avec le comité de distribution. A cette
même séance, l’assemblée décide que : a) la ration de soupe sera d’une
pinte par pauvre; b) que l’on nommera une maîtresse pour instruire les pauvres
qui viendront à la distribution et leur faire une lecture pieuse.
Cette association devint populaire dès son début. La Minerve
se faisant l’écho de la sympathie générale publia l’article suivant:
« Une institution bien louable vient de s’élever en
cette ville. Les dames canadiennes se sont formées en Société sous le titre de
Dames de la Charité de Montréal. Leur but est de secourir les malheureux:
indigents et infirmes, pendant la saison rigoureuse...
Pour seconder les vues
bienveillantes et philanthropiques de nos dignes concitoyennes, nous ne devons
pas hésiter, s’il le faut, à retrancher quelque chose de nos jouissances,
puisque celles que nous éprouverons, en soulageant l’humanité souffrante, nous
dédommageront amplement des faibles sacrifices que nous pourrions faire. Le
même motif doit exciter puissamment l’industrie de toutes les classes. Une
économie bien réglée, une attention soutenue et une application constante et
raisonnée aux affaires de son état, mettront chacun de nous à même de porter
son offrande. Le degré d’aisance qu’ont acquis une foule d’individus en cette
ville sans avoir jamais embrassé de grandes affaires, mais uniquement par
l’effet d’une stricte économie et d’une conduite sage, démontre qu’avec une
industrie plus développée, il serait facile d’atteindre à un degré de
prospérité qui, se manifestant par la formation d’institutions publiques et
nationales, élèverait notre caractère et augmenterait notre importance, tout en
nous attirant le respect et l’admiration des étrangers. » (La Minerve, 24
décembre 1827).
Bientôt, écrit Mlle Daveluy, la Société des dames de charité
disposa de nombreux dons en argent et en nature.
Tiré du livre : L’Institut de la Providence, p.34