2012-08-06

PATIENCE, LA SOUPE S'EN VIENT...

Souvenir d’un heureux jour: 7 octobre 2001

Nous étions à quelques heures de la Béatification d’une grande dame de chez nous : Émilie Gamelin; ce midi-là, j’empruntai la sortie du métro Berri-Ste-Catherine et je trouvai ma ville endimanchée par la joie du jour. J'eus le bonheur de contempler une initiative d'une rare élégance.

Chacun sait qu'à cet endroit, dans ce cubicule de verre, inondé de lumière, trône une femme admirable, toute en bontés diverses et en vertus consommées, celle que l'on appelle tout bonnement Mère Gamelin, de son nom original : Emilie Tavernier, veuve Gamelin, fondatrice de la congrégation des Sœurs de la Providence.

Elle fut, chacun le sait aussi, «La providence des pauvres», qu'elle sut servir avec tant de générosité et d'amour. Car cette Montréalaise portait en elle la bonté comme un talisman. Donc en sortant de la station de métro, j'aperçus la «bienheureuse» béatifiée à Rome quelques heures plus tôt. Quelqu'un avait déposé une rose jaune dans sa main droite. C'était d'une rare poésie! Comme si le bronze, signé Raoul Hunter, était devenu vivant. Il suffisait d'un peu d'imaginaire pour deviner qu'il y avait du pain chaud, dans son panier. En femme devancière et avisée, elle s'était présentée là et elle prenait plaisir à consoler les pauvres et les quêteux du quartier en leur disant : «Patience, la soupe s'en vient...»

Par la magie du moment, j'ai senti une odeur savoureuse dans l'air ambiant. Il y avait là, près d'elle, un groupe de jeunes gens, subjugués, eux aussi, par la rose qu'une main diligente avait déposée, et qui, comme dans la chanson, reprenait silencieusement le refrain : «L'important, c'est la rose, je crois.»

Je m'empressai de serrer la main ouverte de Mère Gamelin et de lui dire tout haut «Chère Mère, les épreuves de toutes sortes firent votre grandeur. Continuez donc de nous enseigner la formule indéclassable de conjuguer le verbe «aimer» au présent de nos jours et de nos petites misères. Et ne cessez jamais d'être ce que vous serez toujours, dans la mémoire des montréalais reconnaissants».
Gilbert Lévesque
(Échos d’Émilie, Archives)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Étant une ancienne élève du couvent de St.Andre Avelin, je visite votre site pour la première fois,mais j'y reviendrai souvent.très intéressant.