"Madame
Gamelin elle-même avait renoncé, à cette époque(1841), à tout ce qui pouvait
sentir la vanité ou la mondanité dans sa mise et dans sa tenue, aux ornements
de tête, aux bijoux, aux parfums, toutes choses auxquelles elle attachait
naguère un certain prix.
Les travaux
et les occupations nouvelles que lui créait cette multiplication d'activités
charitables ne l'empêchait pas de donner à ses vieilles le même temps et les
mêmes soins affectueux et assidus qu'auparavant.....Elle continuait de les
servir à tables, de présider à leurs exercices de piété, de leur prodiguer ses
attentions délicates et tendres.
Puis elle créa une
Société de neuf dames patronnesses, connu par la suite sous le nom de Dames
de Charité. Madame Gamelin trouvait consolation à
voir son zèle et son initiative multiplier au loin les fruits de charité que
suscitait son exemple et celui de ses associées. Les paroisses de la campagne
et de petites villes environnantes, ne tardèrent pas, à l'exemple de Montréal,
à organiser à leur tour des associations de Dame de Charité... Les femmes les
plus distinguées de ces différentes localités tinrent à honneur d'en accepter
la présidence, telle la baronne de Longueuil, Mme Masson,... : touchant exemple de la contagion du bien et de
l'émulation chrétienne.
Les enfants
eux-mêmes étaient gagnés par cette ardeur de zèle. On se plaît à rappeler le
fait d'un futur archevêque de Montréal, le jeune Édouard-Charles Fabre, alors
âgé de douze ans; sa mère déployait beaucoup d'activité pour les bazars de
l'asile et l'enfant lui apportait avec empressement les services et le
dévouement de son âge.
Et que dire
de ce joli trait de quatre fillettes de Montréal, qui organisèrent à elles
seules un bazar en faveur de l'asile? .... L'aînée d'entre elles avait neuf
ans. ... Elles se mirent à confectionner des vêtements de poupées, et au bout
de trois semaines elles demandaient à Mme Bourret, mère de l'une d'entre elles,
dont le mari était maire de Montréal, de vouloir bien mettre son salon à leur
disposition, pour y tenir leur petit bazar sous son patronage. Ce fut l'affaire
d'une soirée. Inutile de dire que les gentilles vendeuses eurent grand succès
et que tous leurs objets furent enlevés. le lendemain, ces bons petits cœurs,
présentés à leur évêque par madame la mairesse, remettaient entre ses mains une
dizaine de louis, en lui adressant ces paroles d'une naïveté touchante: "Monseigneur, nous avons fait un grand
bazar. Nous vous en apportons le produit, que vous donnerez, s'il vous plaît, à
l'asile de la Providence, que vous faites bâtir pour les pauvres de madame
Gamelin".
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