Au début du 19e siècle, dans les années 1836-37, des années de trouble au Canada français, pendant que les hommes sont aux armes, que certains d’entre eux sont faits prisonniers, d’autres pendus en public ou bannis ou déportés, les femmes mènent un combat social, humanitaire et de généreuse bienfaisance. Parmi elles, une figure émerge, celle d’Émilie Tavernier Gamelin.
Mariée en 1823, mère de trois garçons qu’elle perd en peu d’années, veuve après 4 ans de mariage seulement! Ça fait beaucoup de morts en peu de temps !
Émilie se tourne alors vers la Vierge des Douleurs qui a connu la mort de son Fils au pied de la Croix. Désormais et de plus en plus clairement, c’est à soulager la souffrance des autres que Émilie va se consacrer. Elle s’occupe de l’idiot Dodais que son mari lui a légué en gage de leur amour, elle visite les pauvres et donne assistance aux besoins qu’elle rencontre.
La pauvreté sévit partout; les problèmes de mères abandonnées, de vieilles esseulées, amènent Émilie à ouvrir un refuge sur la rue St-Laurent, à Montréal, pour les femmes malades, âgées et pour d’autres, mendiantes, vagabondes. Elle s’implique personnellement mais aussi sollicite des dons auprès de ses amies de la société bourgeoise. La solidarité des femmes dépasse les appartenances, les opinions politiques, la langue ou la confession religieuse. Émilie prend aussi l’habitude d’aller visiter les prisonniers politiques à la prison Au Pied-du-Courant. Connue des gardiens de prison, elle peut apporter de la nourriture, des vêtements, des nouvelles des familles, des lettres.
Avec Émilie, nous avons besoin d’apprendre à aimer et à servir cette humanité souffrante en commençant par les plus pauvres, qu’ils soient prisonniers, enfants abandonnés, mères laissées seules ou vieillards oubliés. Émilie a fait de sa vie une vie offerte à l’amour et au service d’autrui. Elle a construit sa vie dans une époque tourmentée. Elle a drainé dans son sillage d’autres familles et c’est beaucoup grâce à elles que nos ancêtres ont repris le goût de vivre et ont levé la tête. Que leur mémoire renouvelle en nous l’espérance!
(André Beauchamp, extraits)
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