2012-07-03

Émilie hier... Héritage, aujourd'hui


Émilie .... Hier

Celle qui est charitable...

pour les aliénés

Quand, en 1852, les Sœurs de la Providence ouvriront un  hospice d'aliénés à la ferme Saint-Isidore, de la Longue -Pointe. On y accueillera dix-sept patients et patientes dont huit venaient de l'Asile de la Providence. Depuis 1845, Mère Gamelin avait recueilli des malades mentaux dans la petite maison située dans l'enceinte du jardin de l'asile... La résidence avait été réaménagée pour héberger trois aliénés, un homme et deux femmes, confiés aux soins de sœur de l'Assomption (Catherine Brady)...     

Cette initiative de Mère Gamelin marque le début modeste de l'œuvre la plus considérable des Sœurs de la Providence. Après la mort de l'idiot Dodais, que lui avait confié son mari, Émilie avait toujours recueilli avec la plus profonde affection les malades mentaux qui lui étaient confiés. La médecine de l'époque, encore plus impuissante que celle d'aujourd'hui, ne réussissait guère à les soulager ou à les guérir. On devait le plus souvent se contenter de les interner et de les lier quand ils étaient violents et représentaient une menace pour eux-mêmes ou pour leur entourage. Mère Gamelin et ses filles vont tenter de suppléer à ces carences par la bonté, la douceur et  l'affection.

Lors de ses visites régulières à la prison, madame Gamelin avait l'habitude de s'arrêter auprès des "insensés" et leur apportait soins et affection. En endossant l'habit de religieuse, elle n'avait pas renoncé à ces visites. En 1846, le DR J.B.C. Tresler, médecin à la prison de Montréal, déplore alors la situation  pitoyable des malades qui se trouvent à la prison et souhaite qu'une institution religieuse les prenne en charge. Il signale à Mgr Bourget qui s'apprête à partir pour 1'Europe, que les frères de Saint-Jean de Dieu se spécialise dans le soin de ces malades. Il lui transmet aussi les données du dernier recensement: le Bas-Canada compte 950 idiots, 308 aliénés. L'évêque, qui avait  déjà projeté d'établir, dans son diocèse, deux maisons pour ces malades, une pour les hommes et une pour les femmes, visitera l'établissement des Frères à Lyon, le 11 décembre 1846...

Dans le Mandement qu'il adresse aux Sœurs de la Providence le 15 mai 1846, après sa deuxième visite pastorale, Mgr Bourget écrit: "Continuez avec zèle l'œuvre des insensés et n'oubliez rien pour améliorer le sort de ces infortunés." Il leur recommande de visiter la prison de l'Hôpital Général .... aussi souvent "qu'elles le pourront" en attendant de pouvoir réaliser l'œuvre plus importante qu'il entrevoit...

Les autorités religieuses ne sont pas les seules à s'alarmer de l'abandon des malades mentaux. "Depuis 1835, de nombreuses pressions sont faites par de hauts dignitaires, sans succès, pour ouvrir une maison à Montréal."

En 1849 le moment semblait venu de se consacrer "pour de bon",  aux œuvres si nécessaires des aliénés et des prisonniers. Mme Gamelin communique les grandes lignes de ce projet à Louis.-H. Lafontaine. Elle a besoin de l'aide financière du gouvernement pour le mettre à exécution. Les sœurs accepteraient de s'occuper des insensés, écrit-elle, si le gouvernement consentait à les aider à bâtir une maison sur leur terre de la Longue-Pointe.... Deux sœurs et un prêtre iront à "l'Hospice des Insensés" de Boston et à celui de Baltimore... en mai 1850. L'œuvre des  aliénés s'épanouira à la Longue-Pointe, (futur St-Jean-de-Dieu et futur L-H Lafontaine) après la mort de la fondatrice.

 Texte : Émilie Tavernier-Gamelin, par Denise Robillard, pp  217-219- 277-278

Pour des informations sur l'Hôpital Louis-H Lafontaine:

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