2009-11-28

D'UNE OEUVRE DE CHARITÉ À UNE PLACE PUBLIQUE

Désormais occupé par la Place Emilie-Gamelin, le terrain situé à l'intersection des rues Berri et Sainte-Catherine Est aura changé de fonctions à trois reprises au cours des cinquante dernières années. En effet, l'endroit aura d'abord abrité un couvent de religieuses, puis un terrain de stationnement municipal avant de devenir une aire de détente qui ne fait toujours pas l'unanimité.

C'est sur un terrain de 56,000 pieds carrés acquis le 6 novembre 1841 que fut érigé à partir de l'année suivante l'asile des Soeurs de la Providence. C'est d'ailleurs en ces lieux que fut fondée l'Oeuvre de la soupe, une oeuvre charitable qui distribua pendant près de 120 ans pas moins de 500 bols de soupe par jour aux nécessiteux.

Toujours désireuses d'aider leurs prochains, les religieuses cédèrent en 1911 un local de l'institution à l'Institut Bruchési, une oeuvre offrant des soins contre la tuberculose. Autrefois résidentiel, le secteur se tranformait peu à peu, devenant de plus en plus commercial notamment avec la popularité croissante de Dupuis Frères, le célèbre grand magasin voisin. En 1962, la quiétude des lieux étant bel et bien devenue chose du passé, les Soeurs de la Providence déménagèrent dans leur Maison Mère nouvellement construite à Cartierville. Du coup, elles ferment l'asile et mettent leur terrain du centre-ville en vente qui sera acheté par la Ville de Montréal en 1963 afin de permettre la construction du métro.

Le site sera alors occupé par un terrain de stationnement qui ne devait être ouvert que pendant la durée des travaux de construction du métro. Il restera pourtant en place pendant près de 30 ans. Quant à ce site des Soeurs de la Providence, on choisit plutôt d'en faire une place publique. Ce square Berri, aménagé en 1992 est rebaptisé la place Emilie-Gamelin en 1995 en l'honneur de la fondatrice des Soeurs de la Providence. Utilisé à peine quelques fois par année lors de diverses festivités, le site est aujourd'hui surtout occupé par des sans-abri dont l'aspect miséreux nous démontre à quel point l'époque où une oeuvre de charité oeuvrait en ces lieux est malheureusement bien révolue.
(extrai d'un texte de Guillaume St-Jean dans Le Devoir 2008)

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