2012-11-15

Un témoin de la compassion d'Émilie pour les patriotes...


Voici un document à l'appui du fait de la compassion de la Servante de Dieu envers les prisonniers et leurs familles.


Un premier témoin est Sophie Longtin (1825-1914). Fille du prisonnier Jacques Longtin, elle deviendra plus tard Sœur Jean-Baptiste, s.p., et elle racontera comment elle a visité son père en prison, grâce à Madame Gamelin, le 8 novembre 1838. Nous donnons ci-après ce récit puisqu'il tient lieu d'original. Maintes fois cet épisode fut raconté par des contemporaines de Sœur Jean-Baptiste dont quelques-unes vivent encore aujourd'hui (1888).124 la témoin: Extr.: Vie de Mère Gamelin... (1900) op. cit., pp. 44-46.



«Le 8 novembre 1838, elle [Sophie Longtin] vint à Montréal avec sa mère pour tenter de pénétrer auprès du captif. La permission leur en fut refusée, et leur douleur fut d'autant plus grande que la loi martiale avait été proclamée la veille même, et que des rumeurs sinistres circulaient sur le sort réservé aux infortunés détenus. Dans son affliction, la pauvre femme se rendit chez madame Gamelin pour lui demander conseil et assistance.


«Celle-ci, raconte sœur Jean-Baptiste (Sophie Longtin), ne pouvant amener ma mère à la prison, à cause du refus qu'elle venait d'essuyer, eut la délicatesse de me prendre avec elle pour sa visite quotidienne. Je partis donc avec madame Gamelin, l'aidant à porter ses provisions, dont une part était destinée à mon pauvre père. J'avais le cœur bien gros, et des larmes brûlantes coulaient le long de mes joues, en songeant que j'allais voir mon père bien aimé, prisonnier dans cet affreux donjon, lui si bon et que nous aimions tant!
«Nous traversâmes la cour de la prison entre deux rangées de soldats armés. Le guichetier ouvrit une immense porte en fer et la referma sur nous. Je tremblais de tous mes membres, mais madame Gamelin me rassura avec une bonté toute maternelle.

«Bientôt nous fûmes dans la salle des détenus. En l'apercevant, les prisonniers allèrent au-devant d'elle comme au-devant d'une mère. Elle les salua en leur disant: "Je viens voir comment se portent mes enfants aujour­d'hui!" Pendant qu'elle leur distribuait les messages de leurs familles et ses provisions, parmi lesquelles il y avait du tabac et des friandises, je pus voir mon bon père. Je ne sais ce que je lui dis, mes sanglots m'étouffaient; mais cette entrevue est restée pour toujours gravée dans mon esprit.

«Durant cette longue visite, madame Gamelin fit à ses chers prisonniers une courte lecture de piété, comme elle le faisait toujours; elle récita le chapelet avec eux et, sur le point de partir, leur dit en souriant: «Si vous voulez bien, avant que je me retire, nous allons faire ensemble notre prière du soir.» Et tous ces braves gens, s'agenouillant sur les dalles, mêlèrent une dernière fois dans la prière leur voix à celle de leur ange consolateur.


«Cent douze patriotes subirent leur procès devant la Cour martiale, du 28 novembre 1838 au 1er mai 1839; quatre-vingt-dix-huit furent condamnés à mort; douze furent exécutés; douze, mis hors de cause ou acquittés; trente, libérés sous caution, et cinquante-huit, exilés.»

2012-11-11

UNE PRÉSENCE DANS LES RUES DE MONTRÉAL

Parmi les nombreux organismes à Montréal qui viennent en aide aux itinérants ou à des personnes qui risquent de le devenir, il y a "PRÉSENCE COMPASSION" auquel participe Soeur Annette Coutu, Soeur de la Providence.  Malgré ses efforts, cette métropole, comme d'autres villes dans le monde, doit composer avec le phénomène des gens de la rue:  itinérants de tous âges, ex-détenus(es) et détenus(es) en voie de libération, prostituées, personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou de polytoxicomanie, vendeurs de stupéfiants, gens qui ont tout perdu à cause de la boisson, de la drogue, des jeux de hasard ou suite à une détérioration accrue de leurs condition sociale ou financière.

ÉMILIE ET LES SOEURS DE LA PROVIDENCE ET CHEMIN D'ESPÉRANCE

De son temps, Émilie a vu cette même souffrance.  Femme croyante et active, elle a démontré, de façon concrète, comment agir face à l'urgence des besoins humains, mais d'une manière discrète, pratique et efficace.  Sa confiance en la providence et en la Vierge des Douleurs l'ont inspirée et soutenue.  À cette époque, il n'existait pas de programmes gouvernementaux;  la compassion était l'élément clé et la seule solution pour soulager la misère...les gens aidaient les gens.  Émilie, "La Grande dame de Montréal"  allait, sans hésitation, à la rencontre des plus démunis qui vivaient un profond espoir, de ceux qui manquaient de l'essentiel pour vivre  et même pour survivre.  Émilie, et plus tard ses filles, les Soeurs de la Providence, ont su procurer un toit aux itinérants, aux enfants, aux orphelins, aux malades;  elles ont été pour ceux qui criaient à l'aide, un abri, un chemin d'espérance.  Son charisme a inspiré tant de femmes qui, à leur tour et de toutes leurs forces, ont servi les démunis, dans chacun de leurs rôles à travers le temps et jusqu'à nos jours.

(extrait d'un texte de Lorena Otero)